AUJOURD’HUI C’ÉTAIT DUR – Mon pays face aux gens vulnérables qui n’ont pas les bons papiers. 🇫🇷

AUJOURD’HUI C’ÉTAIT DUR – Mon pays face aux gens vulnérables qui n’ont pas les bons papiers. 🇫🇷

28/11/2020 0 Par FutursVerts

Texte écrit le 24 Novembre en réaction a des vidéos vu sur Instagram dans les story de @remybuisine et @goldenjijy + l’allocution du président Macron.

 

 

Les autres vidéos sont disponibles sur mon profil Instagram.
Je te laisse ici celle qui est à mon sens la plus parlante sur la situation.

 


 

 

Ce matin pour mon 8h30-13h c’est passé crème, mais le 17h-21h30…

 

 

Déjà je suis arrivée en retard.

 

20 minutes avant de partir je regardais vite fait des stories Instagram quand je tombe sur des vidéos du rassemblement pour les migrant.e.s et les sans papiers sur la Place de la République à Paris.

 

Paris la capitale de la France.

La France « Pays des Droits de l’homme« .

 

La première vidéo que je vois montrent deux flics qui commence à prendre une tente 2/3 secondes a deux.

Sûrement pour déblayer le « décor » de ce rassemblement me dis-je.

Je suis toute étonnée de voir que de cette tente il tombe une personne avec une couverture.

Un manifestant me dis-je.

Je commence à m’énerver quand suite à cette action un des flics dit « voiiiiilà » pendant que la personne tombe à même le sol.

Et je suis écœurée quand, de vidéo en vidéo, j’apprends qu’en fait ce n’est pas juste un manifestant mais une personne qui n’a pas de solution de protection pour la nuit.

Puis quand je vois que finalement ces personnes seront virées puis délogées et repoussées au nord de Paris par les flics jusqu’à 2h du matin.

 

Je partage une de ces stories en IGTV sur Insta accompagnée d’un texte écrit à chaud.

 

 

 

Et je pars au taffe complètement abasourdie et vénère.

 

C’était sans compter notre merveilleux président et son allocution de connard.

 

Une tartine d’hypocrisie.

 

 

Plus on occulte une population pendant cette crise, plus on l’encense (Coucou les soignant.e.s et les faiseur.se.s de culture si importante pour notre pays. On pense fort à vous pendant 20minutes 👋👋👋)

Avec ce pamphlet final du « on a besoin d’humanisme ».

 

On est à peu près 3h après que j’ai visionné les vidéos sur le rassemblement de République.

 

Les vidéos d’être humains qui se font gazer, malmener, mettre à l’écart et traiter comme moins que des chiens errants.

Et après ça on me parle d’humanisme.

Comme si de rien n’était.

 

Comme si par exemple à Rouen on avait pas pris la décision de geler les listes des accueils d’urgence pendant le confinement.

(ce qui fait que des gens jugés « moins prioritaires » sont restés dehors tout le confinement car il n’y a plus de places nulle part. Et ce malgré la location de places en hôtel.)

On classe les souffrances des êtres humains en niveau de priorité en France.

Et ça ne date pas du confinement, c’est bien plus ancien que ça, mais c’est horrible à vivre.

 

D’un côté il y a la souffrance prioritaire de la personne à qui l’ont dit qu’elle va rester dehors chaque jour.

 

Et puis il y a celle de se sentir monstrueux de dire à quelqu’un qu’on ne peut rien faire pour lui alors même que parfois on a quelques places mais qu’on n’a « pas le droit » de les donner.

Protocole COVID oblige.

 

Pour finir cette super journée il y a cet homme dévasté d’apprendre que sa demande d’asile a été rejetée encore une fois le jour de son anniversaire.

 

Il est heureux et plein d’espoir toute la journée, et tu casses tout après le repas du soir.

Selon lui les médecins français + ceux de son pays d’origine ont certifié qu’il n’aurait pas accès au traitement chez lui, mais il est débouté.

Alors il écoute son fils qu’il voit rarement lui chanter bon anniversaire et il pleure.

Il parle à sa femme et son fils en visio. Le petit est inquiet de voir son père pleurer, le couple est tendu. Ils se soutiennent tous comme ils peuvent.

Ensuite il faut être là pour accueillir le desespoir, se taire et écouter sortir la rage.

 

Honnêtement ça a été un des moments les plus difficile depuis les 7ans que j’ai commencé mon travail dans le social.

 

Et c’est là qu’on remarque un des seuls bons points du masque ; tu peux te mordre les lèvres sans aucune discrétion quand ça devient dur de ne pas pleurer.

 

J’avais envie de chialer.

 

Juste ça.

Chialer en silence.

 

Chialer en l’écoutant me dire qu’à cause de ça il ne pourrait toujours pas habiter avec sa femme et son fils au bout de 3ans.

Qu’il ne voit pas son fils grandir.

Qu’il se décourage.

Qu’il a envie d’abandonner et de retourner crever chez lui.

 

Qu’est-ce que je réponds à ça moi ?

 

« Courage ça va aller » ?

« T’inquiète ça va aller le président du pays qui te rejettent veux de la bienveillance et de l’humanisme » ?

J’en étais à un point où juste quand je suis allée ouvrir la porte du foyer à un monsieur, le vent froid dans ma face a lâché les vannes.

J’ai retenu encore parce qu’il me restait une heure de taffe.

 

C’était une ambiance spéciale dans le bureau ce soir.